Ai-je dit un gros mot ? Non, rassurez-vous, je ne fais pas dans le social. Enfin, si, mais pas dans le social. Je veux juste citer un sociologue, qui parle des relations entre les gens. Et, à titre personnel, je trouve ça très intéressant. Il me semble qu'en comprenant ça, on peut voir certains comportements (et les nôtres dans un premier temps) sous un angle différent. Non seulement les choses font sens, mais, en plus, on peut grave s'en servir pour plein de trucs. Vous verrez. On est en 1974, sous la plume d'Erving Goffman, dans Les rites d’interaction, p.13:
« Dès lors que quelqu’un
assume une image de soi qui s’exprime à travers la face qu’il présente, il est
censé s’y conformer. De différentes façons dans différentes sociétés, il doit
faire preuve d’amour-propre, répudier certaines actions parce qu’elles sont
au-dessus ou en dessous de sa condition, et se forcer à en accomplir d’autres,
même si elles lui coûtent beaucoup. Dès qu’elle pénètre dans une situation où
elle reçoit une certaine face à garder, une personne prend la responsabilité de
surveiller le flux des évènements qu’elle croise. Elle doit s’assurer du
maintien d’un certain ordre expressif,
ordre qui régule le flux des évènements, importants ou mineurs, de telle sorte
que tout ce qu’ils paraissent soit compatible avec la face qu’elle présente.
Dans notre société, lorsque quelqu’un montre ce scrupule d’abord par devoir
envers lui-même, on parle de fierté ; quand c’est un devoir envers des
instances sociales plus larges dont il reçoit l’appui, on parle d’honneur. [Si un tel scrupule s’applique aux choses du maintien,
aux expressions produites par la façon dont une personne maîtrise son corps,
ses émotions et les objets avec lesquels elle est physiquement en contact, on
parle alors de dignité, qui constitue un aspect de ce contrôle des expressions
toujours vanté et jamais étudié.] Dans tous les cas, alors même que la
face sociale d’une personne est souvent son bien le plus précieux et son refuge
le plus plaisant, ce n’est qu’un prêt que lui consent la société : si elle
ne s’en montre pas digne, elle lui sera retirée. Par les attributs qui lui sont
accordés et la face qu’ils lui font porter, tout homme devient son propre
geôlier. C’est là une contrainte sociale fondamentale, même s’il est vrai que
chacun peut aimer sa cellule. »
Il ajoute, quelques pages plus loin :
« La façon dont une personne
accomplit sa part de figuration et aide les autres à accomplir la leur
représente le niveau de son acceptation des règles fondamentales de
l’interaction sociale. »
(Goffman, E., 1974, p.30)
Ah ! Et puis pour ceux qui n'ont pas envie de lire, vous pouvez toujours vous rabattre sur cette vidéo de Franck Lepage,
Inculture(s) 1 : L'éducation populaire, monsieur, ils n'en ont pas voulu...
https://www.youtube.com/watch?v=96-8F7CZ_AU
Deux sujets m'ont particulièrement intéressée : lorsqu'il parle des termes d' "exploités" ou d' "oppressés" qui ont été remplacés par "défavorisés" -pour désigner les classes ouvrières et populaires. Et La Culture "avec un grand Q". Mais ceci sera l'objet d'une mise à jour de ce texte-ci ou la création d'un nouvel article si c'est vraiment trop long...